Tchad : Yaya Dillo, qui est ce neveu de Déby planificateur des coups d’État
Depuis quelques jours, les autorités tchadiennes, en particulier la justice, fait face à la résistance de l’opposant Yaya Dillo à qui la justice a déposé deux mandats restés sans suite. Plusieurs tentatives des autorités, y compris des médiations, se sont soldées jusque-là par un échec. Mais qui est vraiment Yaya Dillo ? Bref aperçu d’un homme au passé tumultueux.
Neveu du Marechal du Tchad Idriss Deby ITNO, Yaya Dillo fait parler de lui dès 2004, en organisant une tentative de coup d’Etat. La nuit du 16 au 17 mai 2004, il organisa avec quelques membres de l’armée, une mutinerie qui avait, selon les archives de RFI, secoué la garde républicaine et créé une première zizanie entre les membres de sa communauté.
C’est suite à cette tentative avortée que Yaya Dillo et quelques déserteurs se replient dans l’est du Tchad pour créer un groupe rebelle dénommé SCUD. L’objectif déclaré de Yaya Dillo était alors de « faire tomber » Idriss Déby. « Nous allons nous battre », menaçait-il.
Dans un article daté du 15 mars 2006, le journal français Nouvelobs évoque un coup d’Etat manqué, téléguidé par Yaya Dillo, qui visait l’avion du Président de la République. Yaya Dillo confiait au journal français ceci : « nous avons essayé de chasser le président de N’Djamena mais notre plan a été révélé par des agents secrets. Nos hommes ont dû l’annuler et quitter la ville ».
Ces informations sur l’implication de Yaya Dillo dans les différentes tentatives de coup d’Etat et son passé d’ex-chef rebelle sont confirmés par les détails consultables sur le site de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada.
Il gardera la confiance des autorités tchadiennes jusqu’en mai 2020, date de sa suspension par la CEMAC pour « manquement au droit de réserve auquel sont astreints les fonctionnaires de la Communauté ».
Cette suspension le pousse à prendre le chemin de l’opposition, alors qu’il soutenait jusque-là les autorités.
Durant son périple de chef du groupe rebelle SCUD, Yaya Dillo sera arrêté et emprisonné au Soudan par ses oncles Tom et Timan Erdimi eux-mêmes chefs rebelles. C’est à la demande du gouvernement tchadien et grâce à l’intervention personnelle du President de la Republique qu’il sera libéré. Il troqua alors son treillis de rebelle pour rentrer dans la légalité en 2007, à la faveur politique de la main tendue du Chef de l’Etat. Il est alors nommé conseiller à la Présidence. Il occupera ensuite successivement les fonctions de Secrétaire d’Etat, Ministre des Mines et Conseiller à la Présidence. Il finit par devenir ambassadeur du Tchad auprès de la Commission Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC).
Poursuivi par la justice, Yaya Dillo s’était retranché dans son village. Il réapparait à N’Djamena en février dernier, pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle d’avril prochain.
C’est sans compter sur la justice qui va lui adresser deux mandats, dont l’un concernait la confiscation des véhicules de fonction réclamés par la CEMAC. Suite à son son refus de déférer aux deux mandats et soupçonné de résistance à l’autorité de l’Etat, les autorités ont mobilisé un dispositif chargé d’exécuter l’acte de justice, font face à la résistance de l’ancien chef rebelle devenu candidat à l’élection présidentielle.
Dans cette situation, des échanges de tirs ont eu lieu et dans la foulée plusieurs personnes sont mortes dont des agents de force de l’ordre et la mère de Yaya Dillo.
A l’heure actuelle, Yaya Dillo se trouve dans un endroit inconnu, après avoir été exfiltré de son domicile où se sont réunis ses proches. Pendant ce temps, d’aucuns se demandent si Yaya Dillo est un réel démocrate, un opportuniste ambitieux ou un simple fauteur de trouble dans sa communauté ? Dans tous les cas, Yaya est bien un homme à multiples facettes. Et c’est le moins qu’on puisse dire.
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