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Tchad : Manque des structures éducatives et de soutien, les enfants aveugles face à un avenir incertain

Plus de 30 ans après la ratification de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant par le Tchad, son application pose problème. Les enfants en général et ceux en situation de handicap visuel en particulier font face à beaucoup de problèmes dont celui d’accès à l’éducation. Aujourd’hui, il y a un nombre important d’enfants non-voyants qui ne vont pas à l’école faute de centre et d’école spécialisés pour leur formation.

Malgré cela, certains enfants non-voyants refusent de croiser les bras et attendre. Ils sont privés de la vue mais cela n’entame en rien leur volonté d’aller à l’école comme les autres enfants. À cet effet, Mahamat, Charline et Christophe, trois enfants aveugles rencontrés au Centre de Ressources pour Jeunes Aveugles (CRJA) s’accordent que «perdre la vue , ce n’est pas perdre la vie».

« Monsieur, les cours reprendront quand à l’école Kabalaye ? » Demande Charline, élève en classe de CE2 à Monsieur Clément, le responsable pédagogique adjoint du CRJA.

Comme elle, Mahamat est également impatient de reprendre le chemin de l’école après 5 ans de rupture. Il a perdu la vue alors qu’il était en classe de CM1.

« J’ai arrêté les cours parce que je ne connaissais pas le braille. Je faisais les e cours oralement mais je rencontrais beaucoup de difficultés. J’avais décidé de venir au CRJA l’année passée pour apprendre le braille et reprendre les cours. » Confie-t-il.

Cependant, derrière cette envie de reprendre les routes de l’école se cachent des obstacles que ces enfants essaient de surmonter.

Les enfants non-voyants face à des difficultés énormes

Par manque de structures adaptées et d’enseignants spécialisés, les enfants handicapés visuels fréquentent les écoles ordinaires. Bien qu’ils bénéficient de la sympathie de leurs camarades, ils font face à plusieurs obstacles.

« Nos enseignants ne comprennent pas le braille. Lorsqu’on compose un devoir, c’est un enseignant du CRJA qui intervient pour transcrire avant que nos enseignants nous attribuent une note quelques jours après. Pendant ce temps, les autres connaissent leurs notes le même jour. » Se plaint Charline.

Certaines matières scientifiques sont aujourd’hui un luxe que les enfants non-voyants ne peuvent pas s’offrir au Tchad faute de matériels.

« Quand vous prenez par exemple l’algèbre, de 6ème en 3ème ça passe encore. Mais après, les matériels pour faire les sciences sont chers et ça fait qu’on a que des non-voyants littéraires au Tchad. » Explique Lappel Martin, le Directeur du CRJA.

Certains enfants internés au CRJA sont parfois victimes d’accidents de circulation. Par manque de bus de transport, ils traversent le goudron à pied pour aller à l’école Kabalaye.

« J’ai peur quand je traverse le goudron pour aller à l’école parce que j’ai déjà connu un accident.» Déclare Christophe avec inquiétude.

Le CRJA , l’espoir des enfants non-voyants

Depuis plus de 30 ans, le CRJA, situé dans le 3ème arrondissement de la ville de N’Djaména, est le principal centre de formation des non-voyants au Tchad. Ce centre a contribué à la formation de plusieurs non-voyants. Aujourd’hui encore, il continue de permettre aux enfants non-voyants de s’éduquer et de se former mais il est confronté à des difficultés qui handicapent son fonctionnement. Les bâtiments sont vétustes et la capacité d’accueil est faible pour répondre à la forte demande.

« Nos bâtiments commencent par nous lâcher. Déjà, le foyer des filles est complètement en ruine donc aujourd’hui, il est fermé. » Confie Lappel Martin.

Le centre fait aussi face à un manque de financement. A cela s’ajoute le manque de matériels didactiques et de fournitures scolaires pour les élèves.

L’Etat appelé au secours

Les enfants non-voyants demandent aux autorités de créer des centres spécialisés pour la formation des aveugles. « Je demande à l’État de créer des écoles pour les aveugles pour nous permettre de nous retrouver ensemble et apprendre. » Plaide Charline.

Le Directeur du CRJA demande pour sa part à l’Etat de recruter les enseignants spécialisés dans l’enseignement des aveugles et accompagner le CRJA pour éduquer ces enfants. « La présence des hautes autorités à nos côtés est très fondamentale. Nous avons plus besoin de leur présence à nos côtés. » Indique-t-il.

TWM/ Mbodou Hassan Moussa

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