Le Soudan célèbre ce samedi 17 août la signature de l’accord politique et de la déclaration constitutionnelle
Ce samedi 17 août reste dans l’histoire du Soudan à double titre. L’armée au pouvoir et l’opposition s’apprêtaient à signer un accord encadrant la transition vers un gouvernement civil tandis qu’au même moment, l’ancien président Omar Al-Bachir devait comparaître devant ses juges.
“Le Soudan célèbre ce samedi [17 août] la signature de l’accord politique et de la déclaration constitutionnelle instaurant une autorité de transition qui conduira les affaires du pays pendant trois ans et trois mois avant la tenue des premières élections démocratiques depuis la chute du régime d’Al-Bashir”, se réjouit le site Sudan Tribune, avant d’égrainer l’ensemble des dignitaires étrangers qui prendront part à la cérémonie. La “déclaration constitutionnelle” a été approuvée le 4 août par le Conseil militaire de transition (TMC) et la coalition des Forces de la liberté et du changement (FFC). Ce texte remplace la Constitution actuelle. Un conseil législatif de 300 élus, un conseil des ministres de 20 membres et un conseil souverain piloteront le processus qui doit, à terme, déboucher sur la mise en place d’un pouvoir civil.
L’accord, négocié sous la houlette de l’Union africaine et de l’Éthiopie, met fin à près de huit mois de soulèvement, au cours desquels 250 Soudanais ont perdu la vie. La grogne avait débuté en décembre après une flambée du prix du pain. Rapidement, elle avait pris de l’ampleur pour se transformer en contestation plus large du système en place et du président Omar Al-Bachir à la tête du pays depuis 1989. La foule dans les rues de Khartoum avait obtenu la destitution du dictateur le 11 avril mais refusait depuis que son entourage reste aux commandes du pays. “Au départ, les généraux entendaient garder le pouvoir pendant deux ans avant de le remettre à un gouvernement élu”, rappelle Sudan Tribune.
Mais l’opposition n’a ainsi rien lâché, même après le bain de sang du 3 juin. “Et sous la pression de la rue, de l’Union africaine et de la communauté internationale, le conseil militaire, qui comprend une poignée d’islamistes, a fini par accepter de remettre le pouvoir aux civils à condition d’être représenté au sein d’une présidence collective”, précise Sudan Tribune.
Des exigences qui font dire à certains que l’accord signé ce samedi 17 août est insatisfaisant. Il prévoit néanmoins plusieurs étapes importantes : la composition du conseil souverain, qui sera dirigé par un militaire au cours des 21 prochains mois, devrait être annoncée dès ce dimanche, suivie deux jours plus tard de la nomination d’un Premier ministre. L’opposition s’est entendue sur le nom d’Abdalla Hamdok, ancien économiste aux Nations unies, rapporte Middle East Eye. Un profil justifié, estime ce site, alors que “réparer l’économie est considéré par un grand nombre comme l’objectif le plus urgent pour un nouveau gouvernement”.
“Une note de bas de page de la révolution”
La signature de ce samedi 17 août risque d’éclipser un autre évènement majeur de la “révolution” soudanaise, à savoir la première comparution d’Omar Al-Bachir devant ses juges. “Mais son procès intéresse peu”, relève Nesrine Malik, chroniqueur d’origine soudanaise du Guardian.
Car si “son départ a semblé sur le moment lourd en conséquences, avec le recul il a à peine ébranlé le système militaro-sécuritaire de l’ancien président. À l’annonce de sa destitution, peu auraient pu croire que Bashir en prison et jugé se réduirait à une note de bas de page de la révolution.”
Et ce sans même évoquer les accusations qui le visent. “Après trente années de massacres ethniques, de tortures et d’exécutions arbitraires, Bashir a été inculpé d’un seul chef de corruption en lien avec la découverte d’une cachette renfermant de l’argent découverte à son domicile lors de sa détention”, ajoute le Guardian