Lac Tchad: Le 2è Forum des gouverneurs axé sur la stabilisation et le développement de la région
La capitale nigérienne a accueilli du 16 au 18 juillet, la seconde édition du Forum des gouverneurs des régions du Bassin du Lac Tchad. A l’ordre du jour, le renforcement de la coopération régionale sur la stabilisation et le développement de cette zone affectée par une crise sécuritaire sans précédent qui affecte les populations locales.
Après une première édition en 2018 à Maiduguri au Nigeria, c’est au tour de Niamey, la capitale nigérienne, d’abriter les travaux de la seconde édition du Forum des gouverneurs des régions du Bassin du Lac Tchad. Du 16 au 18 juillet à l’Hôtel Radisson Blu de Niamey, les huit (8) gouverneurs des régions les plus affectées par la crise multiforme, qui s’est amplifiée ces dernières années avec les menaces sécuritaires, vont ainsi échanger en compagnie des experts et acteurs de la société civile, sur les voies et moyens visant à renforcer la coopération régionale, afin de permettre la stabilisation, la consolidation de la paix et le développement durable dans la zone.
C’est le premier ministre, SEM Brigi Rafini, qui a présidé l’ouverture de cette seconde édition du Forum des gouverneurs, qui se tient sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), en partenariat avec l’Union Africaine (UA), le Centre Martti Ahtisaari, et l’Office allemand des Affaires étrangères. La cérémonie d’ouverture a été également rehaussée par la présence de plusieurs membres du gouvernement, des représentants des partenaires de l’initiative sous régionale, ainsi que des diplomates accrédités au Niger, des responsables d’institutions nationales et internationales, et de nombreux invités.
A l’ouverture du Forum, plusieurs importantes allocutions ont été prononcées, notamment celle du gouverneur de la Région de Diffa, M. Mohamed Mouddour; du Secrétaire exécutif de la Commission du Bassin du Lac Tchad, M. Mamman Nuhu ; du Représentant du groupe consultatif d’Oslo chargé des questions de prévention et de stabilisation dans la région du lac Tchad, M. Walter Von Den Driech ; la Représentante du président de la Commission de l’Union Africaine, l’ambassadrice Mme Hadiza Mutapha ; le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mohamed Ibn Chambas et la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice du Bureau régional pour l’Afrique, Mme. Ahunna Eziakonwa.
Stratégie Régionale de Stabilisation (SRS)
Au cours de leurs différentes interventions, les autorités nationales et régionales des Etats membres de la CBLT (Niger, Cameroun, Tchad et Nigeria), ont rappelé la pertinence de cette initiative régionale qui s’appuie sur leurs liens historiques séculaires, culturelles, socio-économiques et environnementaux, ainsi que l’importance de promouvoir le dialogue régional sur les défis transversaux transfrontalières et la coordination des actions et des solutions communes. Après avoir remercié les partenaires pour avoir créé ce cadre d’échanges et de plaidoyer, le premier ministre du Niger, SEM Birgi Raffini, a rappelé le processus qui a conduit à la mise en œuvre de la Stratégie Régionale de Stabilisation (SRS), qui a pour objectif, entre autres, de renforcer les efforts de coopération et d’en assurer une appropriation régionale afin de résoudre la crise sécuritaire, à travers le dialogue et les échanges transfrontalières. La SRS qui s’appuie également sur les initiatives nationales, régionales et multilatérales en cours pour la stabilisation du Bassin du Lac Tchad, permettra également, et selon le chef du gouvernement nigérien, d’élaborer des politiques et des programmes applicables axés sur la stabilisation et le développement à court, moyen et long terme de la sous-région.
Les représentants des partenaires au développement, qui accompagne la mise en œuvre de la Stratégie, ont de leur côté, réaffirmé leur engagement à soutenir les pays membres de la CBLT, tout en évoquant le rôle éminemment central des gouverneurs dans la lutte contre la secte terroriste Boko Haram, et le développement des régions du Bassin du Lac Tchad.
Un Fonds de Stabilisation régionale
La Stratégie de Régionale de Stabilisation (SRS), qui a été élaborée à travers plusieurs consultations des principaux acteurs institutionnels et de la société civile des pays membres, sera ancrée sur des points communs, tout en tenant compte des particularités de chacun des Etats concernés dans la région du bassin du lac Tchad. A cette fin, elle visera à s’attaquer aux causes profondes de la crise dans la région du Bassin du Lac Tchad afin d’améliorer la résilience. Au cours de cette seconde édition du Forum des Gouverneurs des pays de la CBLT de Niamey, les travaux porteront entre autres sur l’adoption et l’approbation finale de la Stratégie régionale de stabilisation (SRS), par le Conseil des ministres de la Commission du bassin du lac Tchad (CLBT) et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine (UA). Il sera également question du lancement officiel du Mécanisme de financement pour la stabilisation régionale et le relèvement de la région du bassin du lac Tchad, un mécanisme adossé à un budget de 100 millions de dollars, destiné à financer l’appui technique à la mise en œuvre de la SRS. Le Forum de Niamey qui s’inscrit dans la droite ligne des conclusions de la réunion inaugurale de Maiduguri servira d’occasion, en plus de l’endossement politique de la Stratégie régionale de stabilisation (SRS), de faire le point sur la situation sur le terrain, de faire des recommandations pour une feuille de route visant à permettre un redressement de la zone, ainsi que le renforcement des actions pour améliorer la résilience des régions les plus affectées par cette crise qui affecte le Bassin du Lac Tchad.
SEM Brigi Rafini, Premier Ministre, chef du gouvernement : « Nos Etats ont convenu d’une stratégie régionale de stabilisation, de relèvement et de résilience des zones du bassin du Lac Tchad. L’objectif de cette stratégie est d’intensifier les efforts de coopération et d’en assurer une appropriation régionale afin de résoudre la crise sécuritaire à travers le dialogue et les échanges transfrontaliers en appuyant des initiatives nationales ; régionales et multilatérales en cours pour la stabilisation du bassin du Lac Tchad ».
Mamman Nuhu, Secrétaire exécutif de la CBLT : « Il nous faut restaurer la paix dans le bassin du Lac Tchad à travers des consultations régulières. Pour ce faire, la stratégie de stabilisation du bassin du Lac Tchad sera intégrée dans la stratégie de développement de chacun des Etats respectifs. Des termes de référence ont été déjà définis à cet effet. Ils seront mis à la disposition de l’ensemble des pays membres de la Commission. Nous sommes donc appelés à agir et plus vite pour stabiliser la zone du bassin du Lac Tchad, en proie aux exactions de la secte Boko Haram ».
Mohamed Ibn Chambas, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel : « « Les besoins en matière de justice, des droits de l’homme ; la gestion des groupes d’autodéfense, des repentis et des revenants ; restent des questions urgentes. En rassemblant les gouverneurs, le Forum renforce la coopération transfrontalière dans tous ses domaines. A l’heure actuelle, c’est le retour à l’autonomie économique des populations qui nous préoccupent. Là aussi, le rôle des gouverneurs est primordial ».
Mohammed Mouddour, gouverneur de la Région de Diffa : « Après plusieurs années et malgré les efforts déployés, le chemin reste encore long pour retrouver la stabilité dans le bassin du Lac Tchad. Plus que jamais, arriver à coupler sécurité, consolidation de la paix et du développement, est la seule option qui vaille. L’un ne peut aller sans l’autre pour permettre aux populations déplacées de pouvoir regagner leurs foyers dans la dignité. Les attentes des populations sont fortes et légitimes. Dans la région de Diffa, chaque jour qui passe, je constate leur courage, leur résilience, leur capacité d’adaptation et leurs esprits de solidarité. L’Etat du Niger est attentif à leurs doléances et cherche en permanence à envoyer des signaux positifs pour donner espoir aux populations, de se projeter vers le futur. »