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Vu d’Afrique. Jacques Chirac laisse un souvenir contrasté sur le continent

Si la plupart des chefs d’État du continent expriment leur tristesse au sujet de la disparition, à l’âge de 86 ans, de Jacques Chirac, les citoyens restent très divisés sur la politique africaine de l’ancien président français.

Le “départ d’un ami du village africain”, écrit en une Aujourd’hui au Faso. “Notre ami qui n’aimait pas nos bruits ni nos odeurs”, lance de son côté L’Observateur Paalga. Les titres des deux quotidiens du Burkina Faso illustrent bien l’héritage contrasté laissé par Jacques Chirac dans le continent.
Aujourd’hui au Faso, qui publie en une le portrait du défunt chef d’État, estime qu’“il fut le plus africain des présidents français”. En référence aux contradictions de Chirac, le journal burkinabé rappelle que “paternalisme, condescendance et relativisme démocratique ont nimbé également cette relation œdipienne Chirac-Afrique, qui a estimé le ‘multipartisme comme un luxe pour l’Afrique’”.
L’Observateur Paalga renchérit sur cette conception chiraquienne de la relation avec le continent. Une conception héritée de son mentor Jacques Foccart, architecte de la Françafrique sous la présidence du général de Gaulle. “Voilà pour le côté sombre des relations de Jacques Chirac avec l’Afrique : il a contribué à nourrir la nébuleuse Françafrique par ses amitiés coupables avec certains dirigeants du continent, écrit le journal burkinabé. Et là où on s’attendait à ce que la France tape du poing sur la table pour le retour à l’ordre, Jacques Chirac a laissé faire.”

“Chirac l’Africain”

L’Observateur se remémore également la relation fusionnelle que l’ex-numéro un français entretenait avec le continent, et qui lui a valu le surnom de “Chirac l’Africain” : “À chacune de ses visites en Afrique, de Tunis à Dakar en passant par Ouagadougou, Jacques Chirac aimait prendre des bains de foule, reconnaît L’Observateur Paalga. En vérité, Jacques Chirac aimait l’Afrique, les Africains et leurs cultures. La création par ses bons soins du musée du Quai Branly pour les arts mineurs à Paris est là pour le prouver. Des œuvres d’art des cultures africaines, notamment en sculpture, y sont exposées en bonne place.”
La presse africaine n’oublie pas non plus que la crise ivoirienne à partir de 2002 reste la grande déception de Jacques Chirac. Très proche de Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire indépendante et baron de l’Afrique de l’Ouest, le leader français aura par la suite des rapports extrêmement tendus avec son successeur et opposant historique Laurent Gbagbo, qui a été jugé par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. Cette inimitié enflammera le sentiment anti-français dans le pays des éléphants.
Le Quotidien d’Abidjan, proche du parti politique de Gbagbo, affiche en une un titre explicite : “Les crimes odieux de Chirac en Côte d’Ivoire”. Le journal ivoirien définit Chirac comme celui “qui n’a jamais voulu laisser Laurent Gbagbo gouverner la Côte d’Ivoire […] avant de lui coller une rébellion qui a coupé le pays en deux de 2002 à 2011.”
En dépit des contradictions de Jacques Chirac, les relations entre le président défunt et le continent relèvent plus de l’amour que de la haine, estime Aujourd’hui au Faso :

Jacques Chirac restera pour les Africains, ce locataire de l’Élysée qui eut des allures de monarque africain. Chirac l’Africain restera l’ami, le ‘grand président de par la taille’ mais aussi par l’esprit africain.”

Source: Courrier International

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