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Nouvelle gamme des billets : Le Tchad peut-il récupérer l’argent détourné?

Au Tchad, le détournement de l’argent public est pratique courante. Des milliards disparaissent des caisses de l’Etat chaque année mais leur récupération est un problème qui est resté sans solutions jusqu’à nos jours. Le dernier en date est le détournement de plus de cent milliards de nos francs de la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT).

Cette affaire de détournement, comme tant d’autres, a suscité de vives réactions dans le pays, obligeant le Gouvernement et même le Président de Transition à se prononcer sur le sujet.

Selon le général Mahamat Idriss Déby, 80% de ces ressources détournées ont été récupérées mais les restes, sans suite jusqu’à nos jours.

L’affaire SHT n’est que la partie visible de l’ice berg. Des millions, voir des milliards sont volés des caisses de l’Etat à tous les niveaux par des personnes qui, pratiquement, sont plus fortes que la justice tchadienne.

Selon les rapports produits par les institutions financières internationales, le Tchad fait partie des pays où l’évasion fiscale et les détournements sont les plus fréquents conduisant chaque année à l’évaporation des milliards dans la nature empêchant la justice et la défunte Inspection Generale d’État (IGE) de tout recouvrement.

En outre, ces sommes sont parfois placées dans les Paradis fiscaux ou injectées dans l’informel mettant ainsi, à mal l’économie nationale. Cette situation avait poussé la Banque Centrale Européenne (BCE) à alerter dans le passé les autorités du pays sur des réformes à mener.
L’argent détourné des caisses de l’Etat est thésaurisé du fait de l’absence des justificatifs et donc de traçabilité, ce qui met en difficulté «ces délinquants financiers en col blanc».

La nouvelle gamme mise en circulation par la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) ne permettra-t-elle pas à l’Etat de récupérer cet argent public détourné ?

La BEAC a mis en circulation, le 15 décembre dernier, la nouvelle gamme de billets de banque dans l’espace Afrique Centrale. Ce qui veut dire que d’ici quelques temps, les anciens billets ne seront plus valables. Ainsi, ceux qui détiennent du cash en stock, les détourneurs des fonds publics y compris, doivent se rapprocher des structures bancaires pour les échanger contre les nouveaux billets. Ce sera donc l’occasion parfaite pour mettre la main sur les voleurs des biens de l’Etat.

L’on se rappelle de la démonétisation menée en Inde en novembre 2016 par le gouvernement de Modi. Cette politique même si elle est différente de la BEAC avait conduit à mettre en mal l’évasion fiscale et les milliards de Roupie (monnaie indienne) hors circuit bancaire.

Forçant chacun à justifier son argent et passé dans le formel, cette opération avait aussi permis au gouvernement indien de forcer les citoyens à se bancariser et ainsi être dans la légalité.

S’il était difficile il y a quelques années pour l’Etat d’arrêter ces bandits, il est désormais possible, avec un peu de volonté, de remettre dans les caisses publiques les biens de l’Etat détournés.

Il suffit aux plus hautes autorités de déployer dans les différentes banques, à travers le pays, les agents des institutions chargées du contrôle financier, à l’exemple de l’Agence Nationale des Investigations Financières (ANIF), en leur donnant les moyens et les pouvoirs nécessaires et en leur assurant une indépendance totale dans l’exercice de leurs activités.

Ces voleurs ne bénéficient-ils pas de la protection de certains hauts cadres du pays ?

Même si l’avènement de la nouvelle gamme de billets semble être une occasion pour mettre la main sur les milliards du peuple tchadien détournés, il est à se demander, pourquoi les détourneurs des deniers publics identifiés et connus de tous, se pavanent librement dans de grosses cylindrées dans la capitale N’djamena ? Il saute donc à l’œil que ces derniers seraient très bien protégés par certaines hautes autorités du pays.

L’Etat tchadien a une occasion qui s’offre gracieusement à lui pour donner une bouffée d’oxygène à la caisse publique étouffée par les détournements, si elle a la volonté bien-sûr. Si non, rebonjour les détournements.

TWM -Tahamouko & Adam Ramadane Ibrahim

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