Amine Abba Sidick: «Il faut un pouvoir civil, mais laissons le temps au CMT»
L’ancien chef de la diplomatie tchadienne s’est exprimé ce mardi sur les ondes de la RFI suite aux récents événements qui se sont déroulés. Amine Abba Sidick était ministre des Affaires étrangères du Tchad lorsque Idriss Déby Itno a été tué. Depuis la dissolution du gouvernement, il n’est plus ministre, mais explique assurer les affaires courantes. Avant cela, cette figure de la vie politique tchadienne avait été ambassadeur du Tchad en France et directeur de cabinet civil à la présidence. Amine Abba Sidick envisage la période de transition comme un processus devant mener à l’instauration d’un pouvoir civil élu. D’ici-là, il appelle à soutenir le Conseil militaire de transition.pour dialoguer, et je pense qu’il faut laisser le temps au temps pour faire cela. Et si nous commençons dès maintenant, nous pourrons réaliser cela d’ici à dix-huit mois, comme l’a fixé le CMT.
Lorsqu’on voit la répression des manifestations, violente, meurtrière, est-ce que le CMT est en mesure d’organiser un tel dialogue, de manière vraiment inclusive ?
Il ne faut pas juger l’action du CMT à l’aune des manifestations de ce matin. Le pays vient d’être attaqué par des gens venus de l’extérieur. Vous pensez que c’est vraiment raisonnable de laisser des manifestations en ce moment, dans ce contexte ? Je ne pense pas quand même !
RFI : Pour commencer, votre réaction sur les violences de ce matin. Des manifestations à l’appel de l’opposition, une répression meurtrière : est-ce qu’on ne pouvait pas éviter cela ?
Amine Abba Sidick : Nous avons une situation sécuritaire qu’il faut préserver. Le maréchal du Tchad vient de trouver la mort. La situation sécuritaire est très mouvante, et vraiment, ce n’est pas le moment de faire des manifestations.
Laisser l’opposition s’exprimer, manifester, sans réprimer… c’est le jeu de la démocratie non ?
Est-ce que vous pouvez me garantir que tous ceux qui manifestent, c’est uniquement pour manifester ? On ne sait pas. Est-ce que tout le monde est manifestant pacifique ?
Sur ce Conseil militaire de Transition qui a pris le pouvoir, pour 18 mois annoncés, avec à sa tête le général Mahamat Idriss Déby, fil d’Idriss Déby Itno. Ce n’est pas ce que la Constitution tchadienne prévoyait. Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de ce CMT ?
Je tiens à la sécurité et à la paix de mon pays. La réalité est là. C’est le CMT qui assure la sécurité de ce pays, il faut l’aider.
Vous êtes un ancien ministre du Maréchal Idriss Déby Itno. Vous êtes aussi un homme politique, un diplomate, un civil. Est-ce que la prise du pouvoir par un groupe de militaires ne vous effraie pas ?
Vous savez, il y a les principes et il y a la réalité sur le terrain. J’ai connu ce pays, je suis un homme d’un certain âge et d’expérience. Il faut se diriger effectivement vers les principes, mais la réalité est là, et elle est sécuritaire..