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Afghanistan:L’État islamique fait 63 morts et 182 blessés à Kaboul au cours d’une cérémonie de mariage

Un kamikaze a tué 63 personnes et fait plus de 180 blessés samedi soir lors d’un mariage dans la capitale afghane. L’attaque, revendiquée par l’organisation État islamique, est la plus meurtrière de l’année, alors que les États-Unis se rapprochent d’un accord de paix avec les talibans.

Les faire-part annonçaient “la célébration d’un monde d’espoir et de désir”, raconte le New York Times. Sur le buffet, samedi soir à Kaboul, du riz pilaf, des pilons de poulet, des tranches de concombre et de melon. Un groupe jouait dans la salle réservée aux hommes. Un DJ animait la soirée des femmes. À force d’économies et d’emprunts, Mirwais Elmi, un tailleur de 25 ans, avait réuni 14 000 dollars pour fêter son union avec Raihana, 18 ans. Et puis, “en une minute, la cérémonie s’est transformée en enterrement” pour 63 des 1 000 invités. Au moins 182 personnes ont aussi été blessées dans “l’un des attentats les plus dévastateurs contre des civils après des années de conflit et de terreur”, signale le Washington Post, qui affirme par ailleurs que cibler un mariage est sans précédent.

Interrogé par le Los Angeles Times, Abdul Sattar raconte qu’alors qu’il quittait la cérémonie, vers 22 h 30, il a vu un homme bien habillé descendre de son vélo et se précipiter dans la salle. “Après des décennies de carnage en Afghanistan, de petits détails sonnent l’alerte”, explique le quotidien. Sattar, sergent dans l’armée afghane, s’est dit qu’il pouvait s’agir d’un kamikaze.

Il avait raison. L’homme, un Pakistanais nommé Abu Asim, d’après l’organisation État islamique (EI), qui a revendiqué l’attentat dimanche, s’est fait exploser devant la scène où jouait le groupe. Les corps des victimes étaient dans un tel état qu’il était impossible de garder les cercueils ouverts, peut-on lire dans le New York Times. Les familles ont creusé des tombes à mains nues, certains toujours dans leurs tenues ensanglantées, décrit le Guardian.

“Je n’ai apporté que souffrance et rien d’autre. Aucune joie”, a regretté le marié sur la chaîne locale TOLONews TV. Il était dans une autre pièce au moment de l’attaque mais sa femme a perdu 14 membres de sa famille. “La mort est mieux pour moi que cette situation”, a poursuivi le jeune homme. “Je ne connaîtrai plus jamais le bonheur.”

Le Dubai City Wedding Hall, où se tenait la cérémonie, se trouve dans l’ouest de la capitale afghane, là où vivent de nombreux chiites. “L’émergence de l’EI pourrait bien constituer la plus grande menace pour les civils afghans alors que les États-Unis et les talibans négocient un accord pour mettre un terme à dix-huit ans de combats”, prévient Time Magazine.

Un accord proche, les violences continuent

La cérémonie a d’ailleurs eu lieu plus tôt que prévu en raison du climat d’incertitude dans le pays. “Personne ne sait ce qui se passera une fois que les Américains partiront et si l’accord entre les talibans et les États-Unis apportera la paix ou plus de violence”, résume le New York Times. En 2018, 3 800 personnes, dont 900 enfants, ont été tuées en raison du conflit dans le pays, souligne The National, s’appuyant sur les chiffres des Nations unies.

L’accord, dont l’officialisation est attendue dans quelques jours, impliquerait le départ d’au moins la moitié des 20 000 soldats de la coalition internationale en échange de la promesse des talibans de ne pas soutenir d’autres groupes terroristes. Mais alors que le gouvernement local est tenu à l’écart des négociations, “beaucoup d’Afghans sont sceptiques”, note le Times. Pour eux, Donald Trump veut en finir avec le plus long conflit de l’histoire américaine à l’approche de l’élection présidentielle de 2020. Le retrait précipité des troupes serait donc lié à ses “calculs électoraux […] plutôt qu’aux conditions sur le terrain”.

Alors l’attentat complique-t-il l’accord ? se demande Vox. Car même si l’EI a revendiqué l’attaque de samedi et que les deux groupes ne sont pas alliés, les doutes existent sur l’honnêteté des talibans, assure le site Internet. Les discussions ne garantissent pas en plus la protection des Afghans. Le 7 août, un attentat ayant fait 14 morts et 145 blessés à Kaboul a par exemple été attribué aux talibans, qui n’ont jamais contrôlé autant de territoires depuis 2001, rappelle la BBC.

Par ailleurs, le Los Angeles Times croit savoir qu’un accord pousserait jusqu’à 10 % des combattants talibans à rejoindre l’EI, dont beaucoup des membres présents en Afghanistan viendraient d’Irak et de Syrie, où l’organisation a perdu du terrain. Le quotidien ne cache pas son manque de foi dans le gouvernement local, qui, “malgré les milliards de dollars dépensés en formation et en équipement, s’est montré incapable de protéger ses citoyens”.

“Nous sommes là-bas pour une seule raison : que ce ne soit pas un laboratoire pour le terrorisme”, a déclaré dimanche Donald Trump, cité par CNN. “Je ne fais confiance à personne”, a-t-il ajouté, tout en évoquant de “très bonnes discussions” avec les talibans.

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