Tribune : Gouvernance au Tchad ; quand l’entourage du Président freine sa vision, Par Bello Yerima Yaya
Bello Yerima Yaya, Directeur pays de Young Diplomats Chad, interpelle à travers cette tribune le Président de la République. Il l’invite à revoir la composition de son entourage, qu’il accuse de ne pas lui faire remonter fidèlement les réalités du terrain.
Ci-dessous, l’intégralité de sa tribune.
« Tous les tchadiens se posent aujourd’hui des questions fondamentales sur la gouvernance du pays : la solidité des institutions, l’existence d’une justice sociale équitable, la sécurité, et le développement durable. Autant de défis auxquels le Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno est confronté dans ce qui constitue son premier quinquennat, après plus de trois ans à la tête du Conseil Militaire de Transition.
Entre défaillance sécuritaires, précarité généralisée, pénurie d’électricité et stagnation du développement national, le doute s’installe : les proches collaborateurs et conseillers du Chef de l’Etat remplissent-ils véritablement leurs missions ? Ou chacun agit-il à sa guise, sans tenir compte des promesses électorales ni des orientations du Président ?
Tout porte à croire qu’un certain cercle d’influence (un lobby opaque) est en train de saboter la vision du Chef de l’Etat. Pourtant, sa volonté de réforme est manifeste, notamment à travers sa politique de la main tendue, qui a permis à d’anciens opposants de revenir dans le jeu politique. Mais sur le terrain, certaines dérives, surtout dans les domaines de la sécurité, de la justice et de l’administration viennent non seulement fragiliser cette politique d’ouverture, mais aussi miner la popularité du Président.
La volonté est là, l’ambition aussi. Mais l’environnement immédiat du Chef de l’Etat semble l’empêcher d’agir efficacement. Il est urgent qu’il se libère de certains collaborateurs plus préoccupés par leurs intérêts égoïstes que par l’intérêt supérieur de la Nation. Ces figures, souvent médiocres et peu compétentes, contribuent à creuser le fossé entre le pouvoir et le peuple, en s’enfermant dans l’amateurisme et l’inefficacité.
Les visites inopinées, aussi bienvenues soient-elles, ne suffiront pas à remettre le pays sur les rails. Il faut désormais des actions concrètes, des réformes courageuses, et non de simples discours ou opérations de communication.
Il est temps d’oser lui dire la vérité. Le Chef de l’Etat a un sens de l’écoute : il saura entendre des conseils constructifs, à condition qu’ils soient formulés avec courage et loyauté. Mais si son entourage persiste dans l’orientation maladroite et le confort politique, c’est toute la Nation qui en paiera le prix. »