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Tribune : « la liberté de la presse n’est qu’une chimère malgré les vacarmes. Que cela change ! », estime Moussé Tahir

L’Assemblée Générale des Nations Unies a institué en 1993, la date du 3 mai comme étant la
Journée mondiale de la liberté de la presse, suivant la recommandation de la 22 session de la Conférence Générale de l’UNESCO.

La célébration de cette journée fut également une réponse à l’appel des journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.

Alors que dire de L’état de la liberté de la presse au Tchad?

Nous ne pouvons pas parler de la liberté de la presse, sans parler du paysage médiatique tchadien, du classement du Tchad en matière de la liberté de la presse.

Selon Reporters Sans Frontières, des médias publics qui restent toujours contrôlés par le ministère de la communication, des médias privés qui fonctionnent toujours dans la précarité et enfin des nouveaux médias (journaux en ligne). Pour être honnête, j’avoue que la liberté de la presse au Tchad est une chimère. Les journalistes sont mal traités, souvent victimes de toute sorte de barbarie et assassinés de manière tragique sans qu’une justice ne soit faite.

Les médias publics et l’auto censure.

Souvent contrôlés par le Ministère de la communication et de l’information, les médias publics travaillent dans un état de délabrement total. Dans ces médias, les responsables sont nommés par le gouvernement. Ils possèdent une ligne éditoriale trop partisane et folklorique et les journalistes qui essayent de critiquer même en dehors des bureaux sont arrêtés arbitrairement ou suspendus.

Dans ces médias publics, certains responsables se font de l’autocensure par peur de perdre leurs postes. Au lieu de consacrer leurs activités au service de tous les tchadiens, ces médias ne se contentent que de servir seulement le Gouvernement en soignant son image à tout prix.

Les responsables sont sommés de ne pas couvrir par exemple les activités de certains hommes politiques, or en temps normal, les principes d’impartialité et de neutralité sont ancrés chez les journalistes et ce qui compte c’est de traiter fidèlement l’information comme le code d’éthique et la déontologie le recommande.

Les médias privés peine à decoller

Ils occupent presque 70% du poids et actuellement sans eux, la visibilité est réduite, les médias privés travaillent dans la plus grande précarité et cela s’explique par le goût élevé de l’impression des journaux et le marché publicitaire trop restreint. L’Etat qui verse une subvention par an, certains journaux ont reçu une maigre somme à la veille de l’élection d’avril 2021.

Beaucoup parmi ces médias travaillent sans aucun modèle économique, obligeant les journalistes à prendre de l’argent soi-disant pour leur déplacement lors de reportages et c’est vraiment déplorable. Un travail sérieux doit être fait par les responsables de ces médias pour assurer leur autonomie.

Dans ces médias, les journalistes sont régulièrement menacés, arrêtés et torturés dans l’exercice de leur fonction. En 2020 par exemple, lors de l’avènement de la pandémie du Covid19 où un couvre-feu a été instauré, plusieurs journalistes ont fait l’objet d’arrestations malgré la présence d’une carte de presse. Ces médias souffrent des sanctions de la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) qui se couvre derrière le code d’éthique et de déontologie du journalisme tchadien (adopté en 2013 lors de la journée internationale de la liberté de presse).

Ces problèmes se passent sous le regard des autorités qui sont d’ailleurs contentes que les médias privés soient torturés de la sorte.

Classement du Tchad en matière de la liberté de la presse selon Reporters Sans Frontières

Selon le classement mondial de la liberté de la presse de 2022, établi par Reporters sans frontières (Rsf), le Tchad occupe la 104ème place sur 180 pays. Il faut aussi mentionner les forces de l’ordre intimident et violent constamment les locaux des radios. Une situation qui a obligé Reporters sans frontière à appeler plusieurs fois les autorités à laisser les journalistes exercer librement leur travail.

En 2021, lors de la campagne électorale qui a conduit à l’aboutissement d’une réélection pour un 6eme mandat du défunt président Maréchal, la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) pour limiter les journalistes de s’exprimer, a procédé à la signature d’une charte en période électorale qui rappelle des dispositions contenant l’éthique et la déontologie mais exige surtout une couverture équitable pour tous les candidats. Une décision qui a poussé la plupart des médias privés qui ont décidé de s’abstenir de couvrir la campagne.

Aussi, ceux qui ont violenté les journalistes n’ont jamais été traduits en justice.

C’est pour dire que dans l’exercice de leur métier, les journalistes sont toujours victimes de harcèlements, de persécutions et autres pratiques dégradantes et humiliantes. Que cela change !

Je souhaite bonne célébration aux confrères et consœurs du Tchad et ceux du monde entier !

Moussé Tahir

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