Tribune : A quoi servent les lauréats des Écoles Normales Supérieures (ENS) ?
Dans le souci de redynamiser l’École Tchadienne, les autorités du pays par l’entremise de l’ONECS, organisent le concours d’entrée en première année des Écoles Normales de N’Djaména, d’Abéché et de Sarh, pour former des futurs professionnels de l’éducation.
Après trois ans de formation, des centaines de lauréats quittent les ENS en qualité d’enseignants de français, de philosophie, d’histoire, de géographie, des mathématiques, des sciences de la vie et de la terre…
Ces derniers sont formés pour être sur le terrain afin de partager leur savoir avec les élèves dans les différents établissements scolaires publics, para-publics et privés du pays. Mais hélas ! La réalité sur le terrain est toute autre.
Les lauréats de ces écoles sont laissés à eux-mêmes par l’État, à la merci du chômage et des promoteurs des établissements privés qui les exploitent sans un bon salaire à la fin du mois.
« C’est une honte pour notre pays. On nous forme et nous abandonne. Pour la plupart, c’est des gens sans niveau requis qui enseignent nos cadets. Voilà pourquoi on parle chaque jour de la baisse de niveau. » Se désole un lauréat de l’ENS N’Djaména, promotion 2018.
La plupart de ces professionnels de l’éducation trouvent refuge dans les établissements privés pour chercher à gagner un peu d’argent afin de subvenir à leurs besoins. Cependant, beaucoup de jeunes enseignants dénoncent des irrégularités dans la manière de faire des promoteurs de certains établissements.
« Ils nous proposent 1 000f ou 1 250f par heure mais à la fin du mois, mois souffrons pour entrer en possession de nos salaires. À cause de ces pratiques, j’ai quitté deux établissements qui me doivent jusqu’à là de l’argent. » Confie un enseignant d’histoire.
« Comme les autorités n’ont pas besoin de nous, il est normal que des gens profitent de notre vulnérablité pour nous exploiter comme bon leur semble. » Lâche Apollinaire, enseignant dans un établissement privé de la capitale.
Le nombre des lauréats des Écoles Normales Supérieures va croissant et l’Office National des Examens et Concours du Supérieur (ONECS) organise le concours d’entrée dans ces Écoles chaque année, sans trouver de solution à ceux qui sont déjà sur le marché de l’emploi.
Certains lauréats des ENS proposent la fermeture de ces Écoles pour quelques années dans le but d’absorber ceux qui sont sur le terrain et les rouvrir quand le besoin se fera sentir.
TWM, Adam Ramadane Ibrahim