Tchad : Lancement officiel de la campagne de sensibilisation contre les violences basées sur le genre
La Secrétaire générale du ministère de la Femme et de la Petite Enfance, Mme Appoline Moudelbaye, a officiellement lancé ce 6 mai 2025 la campagne de sensibilisation de masse contre les violences basées sur le genre (VBG), à la Maison nationale de la Femme.
Organisée en partenariat avec l’ambassade du Royaume-Uni et le ministère en charge, ainsi que la Maison nationale de la Femme, cette campagne se déroulera du 6 au 17 mai dans les dix arrondissements de la capitale. Elle vise à promouvoir les services d’accompagnement disponibles, notamment à travers la ligne d’assistance téléphonique gratuite 1390, dédiée aux victimes de VBG.

Présent au lancement officiel de cette campagne, l’ambassadeur du Royaume-Uni au Tchad, Ross Matthews, a exprimé son soutien à cette initiative.
« La lutte contre les violences basées sur le genre est une priorité absolue pour le Royaume-Uni. Lorsque les droits des femmes sont respectés, les sociétés sont plus saines, plus riches et mieux éduquées. La responsabilité de répondre à ces violences concerne tout le monde », a-t-il déclaré.
L’ambassadeur a également évoqué la mort tragique d’une jeune femme enceinte âgée de 18 ans survenue récemment dans le quartier de Walia, rappelant que ce type de drame illustre la gravité persistante des VBG au Tchad.

Prenant la parole à son tour, la directrice générale de la Maison nationale de la Femme, Maïmouna Abdelkerim Adam Koulbou, a délivré un message fort et empreint d’émotion.
« Les violences basées sur le genre sont bien présentes dans les foyers, dans nos quartiers et au sein de nos familles. Mais aujourd’hui, nous disons assez. Il est temps de briser le silence et surtout d’agir ensemble. Face à cette réalité, notre responsabilité collective est immense », a-t-elle déclaré.
Lançant officiellement la cérémonie, Mme Appoline Moudelbaye a tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur croissante de ce fléau au Tchad et dans le monde.

« Les violences basées sur le genre ont pris une ampleur considérable ces dernières décennies. Elles constituent une gangrène mondiale qui touche profondément l’humanité », a-t-elle indiqué.
S’appuyant sur les données de l’enquête MICS de 2019, elle a rappelé des chiffres alarmants :
– 23 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans,
– 65 % avant l’âge de 18 ans,
– 38 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines,
– Une femme sur trois déclare avoir été victime de violences physiques,
– 12 % subissent des violences sexuelles chaque année,
– 49 % des femmes ont été blessées suite à des violences conjugales,
– Et parmi les filles de 0 à 14 ans, 9,9 % ont été excisées en 2014.

Elle a souligné que ces chiffres traduisent une réalité alarmante qui exige une mobilisation nationale urgente afin de garantir le respect, la protection et la promotion des droits des femmes et des filles au Tchad.
Chaïbo Issa Chaïbo