Société : Frais de dépôt Airtel Money et Moov Money : le malentendu qui fâche les clients
Entre colère, incompréhension et système bancal, les services d’argent mobile des opérateurs de téléphonie, Airtel Money et Moov Money, peinent à maintenir la confiance des usagers.
Derrière le comptoir exigu d’un kiosque aux couleurs d’Airtel Money, l’échange est tendu. « Je viens juste déposer 20 000 francs et vous me demandez 1 000 francs de plus ? C’est du vol ! », s’emporte un client, les billets serrés dans la main.
« Monsieur, le problème ne vient pas de moi. Vous avez un compte client, moi j’ai un compte agent. Airtel prélève directement sur mon solde. Les frais que je vous demande, c’est mon bénéfice. Sans ça, je paie de ma poche », rétorque calmement le revendeur, les yeux fixés sur son téléphone.
En principe, les dépôts devraient être gratuits pour le client. Mais dans la pratique, la réalité est tout autre, explique le gérant. Rémunérés uniquement en fin de mois par commission, les agents se disent étranglés par le système. « Les commissions, c’est la direction qui nous les verse à la fin du mois. Et dans tout ça, l’État prend sa part, alors que nous ne sommes même pas déclarés à la CNPS », déplore-t-il.
Pour éviter de travailler à perte, la plupart des agents répercutent donc les frais sur les clients. « Si la direction d’Airtel changeait sa politique, on ne leur demanderait plus ces commissions », plaide l’agent.
Mais la liste des frustrations ne s’arrête pas là. Sans contrat officiel, les revendeurs ne peuvent même pas effectuer certaines transactions sur les comptes agents. « On continue juste pour garder nos comptes actifs. En réalité, on ne gagne presque rien. Ce système, c’est du pur impérialisme », lâche-t-il, amer.
À quelques centimètres, une affiche publicitaire promet pourtant des transferts « simples, rapides et sécurisés ». Sur le terrain, la promesse se heurte aux réalités économiques.
La scène se termine sans transaction : le client s’éloigne, agacé. Derrière son comptoir, l’agent referme son carnet de transactions. Dans les rues de Moundou, l’argent mobile est devenu indispensable. Les billets continuent de circuler, mais la confiance, elle, s’effrite.
Mbaigoto Josué.