Logone Occidental : Un retour timide à la vie à Mandakao après le drame
Deux semaines après les affrontements meurtriers du 14 mai à Mandakao, dans la province du Logone Occidental, la vie reprend progressivement son cours dans ce village marqué par la douleur et la peur. Malgré un calme apparent, des habitants commencent à regagner leurs foyers, bien que la peur et la tristesse demeurent palpables. De nombreux résidents restent traumatisés, et plusieurs villages environnants sont encore partiellement désertés.
Les tensions, nées d’une altercation entre un agriculteur et des éleveurs dans un champ, ont dégénéré en violences intercommunautaires, causant la mort de 42 personnes, dont des femmes et des enfants. Depuis cet événement tragique, la peur persiste. « Nous vivons ensemble depuis longtemps, mais ce drame a tout bouleversé », confie Sossal Djibrine, habitant de Mandakao depuis 26 ans. Il déplore l’absence de ses enfants et de ses animaux, tout en soulignant le manque de vivres malgré l’aide annoncée par l’État.
Djibrine Moussa, père de 12 enfants et résident depuis 22 ans, partage cette inquiétude : « Nous sommes tous des Tchadiens. Ce conflit est survenu brusquement. Nous avons envoyé nos enfants à Beinamar pour leur sécurité. » Il envisage même de se déplacer pour trouver une terre plus sûre où cultiver et vivre en paix.
Les habitants de Mandakao appellent les autorités à assumer pleinement leurs responsabilités en matière de sécurité. Ils demandent également une distribution équitable des aides alimentaires et la mobilisation des chefs traditionnels pour trouver une solution pérenne. « L’État doit garantir notre sécurité et veiller à ce que l’aide parvienne à tous sans discrimination », insiste Sossal Djibrine.
Le préfet du département de la Dodjé, Oumar Ali Oussman, accompagné du sous-préfet et du chef de canton de Mandakao, est présent sur place pour apaiser les tensions et encourager les déplacés à regagner leurs domiciles. Il souligne que la situation sécuritaire demeure instable, mais que les forces de l’ordre sont mobilisées pour contrôler la zone. Les autorités mettent également en garde contre les discours haineux circulant sur les réseaux sociaux, susceptibles d’attiser les tensions.
La réconciliation et le retour à une coexistence pacifique restent des défis majeurs pour les communautés de Mandakao et des environs.
TWM / Chaïbo Issa Chaïbo