Burkina Faso : Le capitaine président Ibrahim Traoré décrète la mobilisation générale
Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré a passé un nouveau cap dans sa guerre contre les groupes jihadistes. Après les réquisitions de véhicule, le recrutement massif de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, des supplétifs civils de l’armée), ou encore celui d’agents des Eaux et Forêts, le président de la transition a décrété la mobilisation générale. Une mesure qui, concrètement, doit permettre aux autorités de réquisitionner des personnes.
Le 13 avril, le conseil des ministres a adopté un décret portant « ordre de mobilisation générale et de mise en garde ». « Il s’agit surtout, à travers ce décret, de donner un cadre juridique et légal à l’ensemble des actions à mettre en œuvre pour faire face à la situation que vit le Burkina Faso », indique un communiqué de la présidence.
D’après le compte-rendu du conseil des ministres, la prise de ces dispositions confère à la junte au pouvoir trois prérogatives : « le droit de requérir les personnes, les biens et les services », « le droit de soumettre à contrôle et à répartition les ressources au ravitaillement » et « le droit d’appel à l’emploi de défense, à titre individuel et collectif » .
Avant de prendre ce décret, le capitaine Ibrahim Traoré avait pris le soin de consulter le Conseil constitutionnel. Le 15 décembre 2022, ses Sages avaient émis « un avis favorable pour la prise de décret portant ordre de mobilisation générale et de la mise en garde » et estimé que « toutes les conditions étaient réunies » pour la prise de telles dispositions.
« Face à la situation sécuritaire à laquelle fait face le Burkina Faso, le salut de la nation repose sur un sursaut national de l’ensemble des filles et des fils en vue de trouver une solution », a pour sa part déclaré le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Kassoum Coulibaly, à la sortie du conseil des ministres.
Le ministère de la Défense a par ailleurs lancé mardi une opération baptisée « greniers vides » appelant tous les militaires du pays, actifs ou retraités, à donner leurs uniformes pour les soldats actuellement sur le terrain.
« Lorsque la mobilisation est ordonnée, quiconque est soumis à des obligations militaires doit obéir aux instructions, quels que soient sa situation et le lieu où il se trouve, sous peine d’insoumission », explique le professeur Augustin Loada, constitutionnaliste.
Quant à la mise en garde, l’ancien ministre de la Fonction publique explique qu’elle consiste à mettre en place certaines mesures pour « assurer la liberté d’action du gouvernement, diminuer la vulnérabilité des populations ou des équipements et garantir la sécurité des opérations des forces de défense et des VDP ».