Tchad: L’histoire du Toyota réadapté aux réalités désertiques par les soldats
La guerre des Toyota est le nom communément donné à la dernière phase du conflit, entre 1986 et 1987, dans le nord du Tchad et à la frontière libyo-tchadienne. Ce nom provient des pick-up Toyota utilisés comme technicals par les Tchadiens, comme le Toyota Hilux ou le Toyota Land Cruiser. Il en résulte une lourde défaite pour la Libye, qui, selon des sources américaines, a perdu un dixième de son armée et plus de 1,5 milliard de dollars américains d’équipement militaire (soit 3 milliards de $ valeur 2013).
En mars 1987, les Tchadiens, avec l’appui sur le terrain du service Action de la DGSE et des renseignements provenant de la CIA et du Mossad, capturent la base aérienne de Ouadi Doum, protégée par des champ de mines, des chars, des véhicules blindés et 5 000 soldats des forces armées de la Jamahiriya arabe libyenne. La chute du village de Ouadi Doum est une défaite cuisante pour la Libye, qui s’en servait comme sa principale base lors du conflit. Les troupes libyennes se retrouvent bientôt isolées et Hissène Habré décide de porter le coup final à Kadhafi en expulsant les Libyens de la bande d’Aozou.
En août 1987, les Tchadiens prennent Aozou. En représailles, la Libye bombarde les villes tchadiennes du nord. L’appel de Habré demandant une intervention de l’Armée de l’Air française n’est pas entendu par le président français François Mitterrand qui souhaite une médiation internationale quant au sort de la bande d’Aozou.
Le 5 septembre 1987, les Tchadiens montent une attaque surprise contre la base aérienne libyenne de Maaten al-Sarra. Environ 1 000 soldats libyens sont tués, 300 autres capturés et plusieurs centaines sont contraints de s’enfuir dans le désert. Le Tchad affirme avoir détruit 32 aéronefs dont des MiG-21, MiG-23, Soukhoï Su-22 et des hélicoptères d’attaque Mil Mi-24.
Ce raid n’a pas été soutenu par la France, qui a refusé de fournir des renseignements et de la logistique aux forces armées nationales tchadiennes. Les États-Unis, qui avaient passé un contrat de 32 millions de dollars américains d’armes (dont des missiles anti-aériens FIM-92 Stinger) avec l’armée tchadienne, se sont quant à eux félicités de la reprise du nord du pays.
Après des ultimes attaques aériennes libyennes, dont une à l’hypérite, menées en représailles le 10 septembre 1987, un premier cessez-le-feu a lieu le 11 septembre 1987 à 11 heures. Les opérations aériennes libyennes seront reprises toutefois plus tard.
En mars 1988, le colonel Kadhafi accepte finalement un cessez-le-feu définitif et dit « faire un cadeau à l’Afrique » en reconnaissant Hissène Habré. Quelques violations mineures du cessez-le-feu continueront en revanche d’avoir lieu. Le 3 octobre, les relations formelles entre le Tchad et la Libye sont rétablies. Le différend portant sur la bande d’Aozou est porté devant la Cour internationale de justice, qui donne son verdict le 3 février 1994 en faveur du Tchad.
Merci d’avoir suivi, nous espérons vos apports et vos points d’ombre par rapport à ce conflit.
Par le journal Histoire d’Afrique et des peuples noirs et TWM