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Politique. Démarrage sanglant de la campagne présidentielle en Afghanistan

Alors que les deux têtes de l’exécutif affûtent leurs arguments pour un remake du duel de 2014, Kaboul a été secoué par une explosion qui a fait une vingtaine de morts, dimanche 28 juillet.

Cette fois, c’est parti ! Après deux reports successifs, l’élection présidentielle afghane devrait avoir lieu le 28 septembre, et la campagne, qui va durer deux mois, “a officiellement démarré le dimanche 28 juillet, observe l’Afghanistan Times, avec dix-huit candidats, des équipes et des supporters qui commencent déjà à présenter leur programme à la population”. Les deux dirigeants actuels du pays, le président Ashraf Ghani et le chef de l’exécutif, Abdullah Abdullah, se sont lancés depuis Kaboul mais ce premier tour de chauffe “a été interrompu lorsqu’une explosion, suivie d’échanges de tirs, a visé le bureau du directeur de campagne de M. Ghani”.Les victimes sont au nombre d’une vingtaine.

La veille, le président sortant avait demandé aux forces de sécurité de “renforcer la sécurité des civils, des médias et des candidats durant les élections”, indique le Kabul Times. M. Ghani, dont la victoire en 2014 avait été vivement contestée, promet s’il est réélu de “mettre fin en cinq ans à la dépendance financière de l’Afghanistan vis-à-vis de l’étranger”, alors que le budget actuel de la nation provient actuellement, pour moitié, de l’extérieur.

Cette séquence politique s’ouvre alors que le processus de paix engagé en septembre 2018 par les États-Unis et les talibans touche à sa fin. C’est du moins ce qu’espère la Maison-Blanche, qui souhaiterait retirer ses troupes du pays avant la campagne américaine pour la présidentielle de 2020.

Le rôle du Pakistan

Dans son éditorial du 29 juillet, l’Afghanistan Times se montre sceptique. Alors qu’ils y étaient jusqu’ici fermement opposés, les talibans auraient “donné leur accord à une rencontre avec le gouvernement afghan, à Oslo, dans les deux semaines qui viennent”. Entre-temps, il semble que les insurgés veuillent rencontrer le Premier ministre du Pakistan, Imran Khan, qui vient de rentrer d’une visite aux États-Unis où il a eu un tête-à-tête avec Donald Trump.

Méfiance, prévient le journal, “les dirigeants afghans doivent faire très attention à déjouer les intrigues visant à maintenir le feu dans un pays toujours affecté par la guerre” à cause, précisément, du rôle qu’y joue le Pakistan. Lors de ses divers rendez-vous à Washington, rapporte le quotidien pakistanais The Nation, Imran Khan a en effet déclaré que ses prédécesseurs avaient “menti” aux Américains en leur cachant que “30 000 à 40 000” islamistes armés s’entraînaient sur le sol pakistanais “pour combattre en Afghanistan ou au Cachemire”. Des propos qui ont évidemment fait réagir l’Inde, pays ennemi qui accuse sans cesse le Pakistan d’être un refuge pour le terrorisme. “Voilà un aveu flagrant”, a lancé le gouvernement Modi.

Selon l’Indian Express, M. Khan “n’a pas vraiment révélé de secret” en soi mais ce sont ses chiffres qui sont “surprenants”, car Islamabad parlait jusqu’ici de “8 307 individus”. En fait, le chef du gouvernement pakistanais a peut-être essayé de signifier à ses partenaires “l’énormité du ménage” qu’il va devoir faire pour éviter de se retrouver sur la liste noire des pays qui financent le terrorisme, suggère le journal indien. Une façon de sous-entendre “qu’il n’y parviendra pas dans les délais impartis” par la communauté internationale.

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