La Russie et la Moldavie prêtes à détruire des milliers de tonnes de munitions
Depuis la mise en place d’un nouveau gouvernement en Moldavie, la diplomatie entre ce pays et la Russie s’active. En guise de premier pas dans le règlement du conflit autour de la république autoproclamée de Transnistrie, la Russie propose de détruire des milliers de tonnes de munitions stockées sur ce territoire depuis la fin de l’époque soviétique.
“Depuis que le pouvoir a changé à Chisinau en juin dernier, Moscou accorde beaucoup d’attention à la Moldavie”, écrit le site russe Vzgliad. À la fin du mois d’août, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s’est rendu, pour la première fois depuis très longtemps, dans la capitale moldave à l’occasion du 75e anniversaire de la libération de la Moldavie. Il y a rencontré le président moldave, Igor Dodon, (socialiste, élu en décembre 2016) et a inspecté les forces russes de protection de la paix en Transnistrie.
Le 7 septembre, c’est le président russe, Vladimir Poutine, qui a reçu son homologue moldave au Kremlin. À l’issue de la rencontre, il a été annoncé que la Russie octroierait des tarifs préférentiels à la Moldavie pour l’achat de gaz russe. Igor Dodon a souligné l’importance de cet acte à l’approche de l’hiver.
Enfin, le 11 septembre, les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Sergueï Lavrov et Nicolae Popescu, ont tenu des pourparlers à Moscou. Il s’agissait du premier déplacement en Russie du chef de la diplomatie moldave depuis la formation du nouveau gouvernement le 9 juin.
Le thème central de la rencontre était l’un des plus vieux conflits de l’espace post-soviétique, celui de la Transnistrie. Cette région de Moldavie majoritairement russophone et située le long de la rive est du Dniestr, à la frontière avec l’Ukraine, a fait sécession en 1992 à l’issue d’une guerre civile de plusieurs mois. Depuis, deux référendums locaux ont entériné l’indépendance de la république moldave du Dniestr [Transnistrie], non reconnue par la communauté internationale.
Un plan de coopération
À l’occasion de la rencontre avec son homologue moldave, Sergueï Lavrov a réaffirmé la volonté de Moscou de “demeurer le garant des accords entre Chisinau et Tiraspol [capitale de la république autoproclamée], pour aboutir à une paix véritable sur les bords du Dniestr”.
À la fin du mois d’août déjà, le ministre russe de la Défense avait déclaré qu’il encourageait “tout ce qui pouvait être mis en œuvre pour la restauration des relations entre les structures militaires des deux pays”. Il avait ajouté :
Nous n’avons jamais eu l’intention de nous faire la guerre et ne l’avons toujours pas. C’est pourquoi il serait souhaitable, à court terme, d’élaborer un plan de coopération.”
Comme le souligne Vzgliad, “cette déclaration prend toute son importance par rapport au contexte qui prévalait jusque très récemment, à savoir que le gouvernement moldave défendait très farouchement une ligne politique orientée vers l’UE et l’Otan”. Officiellement, cependant, le gouvernement moldave affirme qu’il ne “révisera pas son orientation proeuropéenne et favorable au rapprochement avec l’Otan”, comme le rapporte l’agence Tass.
En guise de premier pas, le ministre russe a proposé à son homologue – qui a accepté – de réanimer un accord datant de 1997 sur la destruction de milliers de tonnes de munitions stockées en Transnistrie depuis l’époque soviétique. Depuis 1992, ces munitions sont gardées par les forces de maintien de la paix dans la région, essentiellement russes.
Chisinau exige malgré tout le retrait des troupes russes
Comme l’a fait remarquer le président moldave, cité par le site, “cette mesure permettra de faire considérablement baisser la tension dans la région”. Cela n’a pas empêché le ministre Popescu, lors de sa conférence de presse du 11 septembre, comme le rapporte Gazeta.ru, d’affirmer que le “retrait des soldats russes du territoire de Transnistrie” demeurait une “priorité” pour le gouvernement moldave, car leur présence est “contraire à la Constitution de Moldavie”.
Reste à présent à passer à l’acte, ce qui ne sera pas une mince affaire. Un an au moins sera nécessaire pour la mise en place de l’opération. Et on peut s’interroger sur la méthode qui sera utilisée. Le ministre russe parle de “transporter” les munitions hors du territoire, mais un expert interrogé par Vzgliad relève les difficultés voire les dangers que suppose cette option.
En effet, explique-t-il, l’Ukraine n’acceptera pas que le convoi traverse son territoire, et passer pas les airs est irréaliste et trop dangereux. La solution consisterait donc à détruire les munitions sur place, après avoir construit un complexe spécial où l’on puisse le faire sans danger pour l’environnement.
Quoi qu’il en soit, la résolution de ce problème a priori strictement militaire pourrait permettre à l’avenir une avancée dans le règlement politique du conflit de la Transnistrie, conclut Vzgliad.
Source: Courrier International